Il a le désert plutôt joyeux, et comme elle n'engendre pas non plus
la mélancolie, les Bernezat Jean-Louis et Odette semblent les arpenteurs les plus allègres qui soient du Sahara. Les plus chevronnés aussi. «Sans fausse modestie, aucun Européen n'a réalisé autant de voyages à chameau que j'ai pu le faire dans ma vie», affirme Bernouze (tout le monde l'appelle comme ça, même Odette). «On se sera bien amusés au Sahara,» acquiesce Odette, qui a plusieurs livres-récits à son actif (1) tout comme un incalculable nombre d'heures à dos de camélidés. Imbattables sur leur connaissance du désert le célèbre spécialiste Théodore Monod les a reçus et leur a offert du thé, ce qui revient à les avoir adoubés , ils en sont devenus les meilleurs passeurs. Le couple y guide depuis des années non seulement des néophytes en quête d'aventure mais toutes sortes de spécialistes archéologues ou géologues, botanistes et pourquoi pas linguistes (2)" Bernouze n'enrage-t-il d'ailleurs pas contre tous ces ignares qui mélangent masculin et féminin de la langue tamahaq (celle des Touareg du Sahara central), ne sachant toujours pas qu'il faudrait dire «la» Ténéré, «la» Tanezrouft, «la» Tassili, contrairement à l'usage?
Alpes. A ces natifs de Valence (lui, 63 ans ce 18 mai) et de La Ciotat (elle, 59 ans) semblait plutôt promis un avenir de montagnes d'ici guide de haute montagne en 1961 pour lui, tête de cordée «dès l'âge de 15 ans» pour elle. Résultat, un bataillon d'ascensions à l'assaut de leu