Le spermatozoïde nouveau est né, à Honolulu. Un spermatozoïde
transgénique, pionnier de sa catégorie. Les rayons du génie génétique comptaient déjà toute sortes de virus, cellules et organismes au patrimoine génétique savamment bricolé. Voici que débarque une cellule sexuelle, mâle en l'occurrence: un spermatozoïde de souris doté d'un gène de plante. Introduit dans un ovule, il produit un souriceau transgénique, porteur de ce nouveau caractère végétal. La prouesse aurait de quoi attiser les débats sur les limites sans cesse repoussées de la manipulation de la reproduction animale, voire humaine. Cependant, l'article publié cette semaine dans l'hebdomadaire américain Science par Ryuzo Yanagimachi et ses collègues n'incite guère aux états d'âme. Leur «super spermatozoïde» a été conçu avant tout comme un «nouvel outil» prometteur, pour la production de bétail transgénique. Depuis vingt ans, ce créneau d'élevage fait rêver la médecine et les firmes de biotechnologies. Déjà, quelques labos dans le monde s'enorgueillissent d'un petit cheptel de brebis et chèvres transgéniques sécrétant des protéines humaines médicamenteuses dans leur lait, contre la mucoviscidose ou l'infarctus. Mais leurs «récoltes» sont encore notablement maigres. Faute d'une technique efficace permettant de modifier en routine le patrimoine génétique de centaines de caprins, ovins et bovins, le secteur peine à passer à la phase industrielle. Le spermatozoïde transgénique d'Hawaii se promet de l'y propulser. I