C'est une histoire digne d'un polar scientifique: vol de séquence
d'ADN dans un labo, découverte majeure, mensonges et déchirements entre chercheurs et, bien sûr, milliards de dollars en jeu. Au coeur du drame, l'un des pionniers mondiaux de la biotechnologie, l'américain Genentech. Et le brevet sur son produit phare: une hormone de croissance humaine découverte en 1979, utilisée pour le traitement des enfants atteints de nanisme. Problème: l'université de Californie à San Francisco (UCSF) accuse Genentech de lui avoir volé le gène qui commande la production de cette hormone et donc d'utiliser frauduleusement son brevet. La bataille judiciaire dure depuis neuf ans, et le premier procès s'est achevé le 2 juin: six semaines de débats et six jours de délibération n'ont pas permis aux jurés de trancher. Il faudra un autre procès pour prouver qui a réellement découvert cette hormone de croissance mission peut-être impossible dans un domaine où la justice n'arrive pas à suivre le rythme de l'évolution des techniques.
Décodage. Le personnage central de cette rocambolesque affaire s'appelle Peter Seeburg. A 53 ans, cet Allemand spécialisé en biologie moléculaire est directeur de la recherche médicale à l'institut Max-Planck de Heidelberg. Dans les années 70, il s'était rendu en Californie pour mener des recherches à l'UCSF. En 1978, c'est lui qui identifie pour l'université, avec deux autres chercheurs, la séquence du gène de l'hormone de croissance. L'UCSF dépose immédiatement un