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Libération

On a marche dans la grotte

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Les empreintes de 26 000 ans découvertes à Chauvet témoignent des mœurs préhistoriques.
publié le 15 juin 1999 à 23h32

C’est un gamin âgé de 8-9 ans, sans doute un garçon vu la largeur du pied, à coup sûr un Homo sapiens sapiens: il s’est déplacé prudemment, a même glissé sur le sol argileux de la grotte Chauvet, en Ardèche, voilà 26 000 ans probablement. Ses empreintes de pied, les plus veilles jamais trouvées en Europe, qui se trouvent dans la galerie des croisillons, un coin reculé de la grotte, s’étirent sur une cinquantaine de mètres. Elles avaient été repérées, en 1994, par Jean-Marie Chauvet, lorsqu’il a découvert la grotte avec ses copains spéléologues. Elles ont été identifiées lors de la dernière campagne de fouilles de la grotte (du 3 au 18 mai) effectuée par une quinzaine de scientifiques sous la direction de Jean Clottes, conservateur général du Patrimoine. C’est l’une des dernières révélations de la grotte Chauvet, ce sanctuaire du paléolithique qui abrite les plus veilles peintures du monde (32 000 ans contre 18 000 pour Lascaux).

Michel Garcia (CNRS), chercheur au laboratoire d'ethnologie préhistorique, a donc commencé à les étudier. Il a fait des relevés, des photos numériques sur 14 d'entre elles très exactement. On ne peut pas dater directement des empreintes dans l'argile. Les chercheurs se basent sur l'environnement pour bâtir des hypothèses. Ici, des coups de torche sur les parois, situés au-dessus des traces de pas (pour raviver la flamme lorsque qu'elle diminue, les hommes frottaient la torche contre la paroi pour faire tomber le charbon), sont identiques à d'autres da