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Libération
Critique

Sante. OGM, vache folle: un essai décortique les promesses non tenues du progrès. L'assiette aux peurs. Le progrès en procès. Daniel Boy. Presses de la Renaissance, 265 pp., 129 F.

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publié le 15 juin 1999 à 23h33

«En agissant à la Greenpeace, la confédération paysanne, fait fausse

route.» Pour Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof (1), la destruction voilà dix jours par des agriculteurs en colère, de plantes transgéniques, dans un champ appartenant à un centre de recherche à Montpellier, est une action trop «radicale». Mais elle ne le surprend pas plus que ça.

Membre du comité de pilotage de la «conférence des citoyens», qui a examiné en 1998 l'épineuse question des OGM (Organisme génétiquement modifié), Daniel Boy se consacre depuis plusieurs années à l'analyse des rapports entre sciences et société, entre développement et perception du risque qu'il induit.

Utilité. Dans le Progrès en procès, il explique pourquoi «de toutes les promesses des biotechnologies, celles des aliments transgéniques est la moins désirée du public européen ("). Il manque à ce progrès un élément fondamental qui constituait la cheville ouvrière entre science et société: la fonction d'utilité.» Pour Daniel Boy «l'un des ressorts fondamentaux de l'acceptation des innovations est une équation risque/utilité ("). Qu'une invention suscite l'incompréhension quant à sa valeur d'utilité et présente un facteur de risque potentiel et elle donne lieu à un rejet motivé.» Les aliments transgéniques sont à ranger dans cette catégorie. Plus profondément encore, le problème des aliments transgéniques «réactive la distinction entre nature et artifice». Pour le chercheur, c'est une des formes modernes de crainte exprimées