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Libération

Amiante. Le Brésil mise sur sa bonne mine.Dépoussiérée, mécanisée, filtrée, Minaçu a changé d'allure depuis le temps où les ouvriers s'empoisonnaient à la tâche. A tel point que son exploitant se targue de produire «propre» et quele Brésil veut porter plainte contre les pays qui bannissent l'amiante, dont la France.

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publié le 22 juin 1999 à 23h09

Minaçu (Brésil) envoyé spécial

D'ici, de ce gros bourg aux rues en damier coincé entre un sommet boisé et les deux grands cratères aux reflets turquoise de la mine d'amiante, le Brésil défie la France. Et se prépare à porter plainte devant l'Organisation mondiale du commerce. Objet du litige: les fibres d'amiante, accusées de pourrir les poumons, bannies par plusieurs pays, dont la France. Ici, l'amiante, c'est un autre poumon, économique celui-là. Minaçu, à trois cents kilomètres au nord de Brasilia, est la troisième mine d'amiante de la planète. 200 000 tonnes de fibres sont extraites par an, soit 9% du marché mondial. Un poids lourd dont l'histoire a commencé en 1962.

Pedro Parana allait négocier à cheval la pépite d'or auprès des garimpeiros qui tentaient leur chance dans la région du Cerrado. Un vaste espace semi-désertique de petites collines couvertes de maigre végétation. Au cours de ses pérégrinations, il découvre une drôle de pierre «chevelue». Une roche verdâtre traversée par des filons de fibres blanches qui ressemblent à des poils. Pedro Parana montre alors ses échantillons à des émissaires de la Sama (Sociedade Anonima Mineração de Amianto) à la recherche d'un site d'exploitation, leur mine de São Felix de Amianto s'épuisant. Les géologues identifient la roche verdâtre, c'est un silicate de magnésium où chaque «poil» est en réalité constitué de milliers de fibres d'amiante microscopiques. Sept ans plus tard, la Sama installe une première cité de mineurs et baptis