Une pollution spectaculaire. Sur 10 millions de km2, au-dessus de
l'océan Indien, s'étend une nappe d'aérosols de 2 à 3 km d'épaisseur, composée notamment des particules rejetées par les moteurs, les cheminées d'usine et les centaines de millions de cuisines au feu de bois. Une nappe poussée vers l'océan par la mousson d'hiver et étudiée entre janvier et avril lors d'une énorme expérience américano-européenne, baptisée Indoex (1).
«C'était avant tout une expérience de climatologie», explique Robert Sadourny, du laboratoire de modélisation dynamique (CNRS, Ecole polytechnique). L'objectif de la mission était d'observer précisément le rôle climatique de ces aérosols qui modifient la chimie et la physique de l'atmosphère. «Ce sont des refroidisseurs climatiques. Ils réfléchissent le rayonnement solaire et favorisent la condensation de l'eau en fines gouttelettes», rappelle Robert Sadourny.
Mal connu, peu quantifié, ce phénomène est jusqu'à présent mal intégré dans les simulations informatiques du climat futur. Or, l'océan Indien fournit un parfait cas «d'école». La Chine et l'Inde, en plein développement mais dont les technologies sont particulièrement «sales», sont en passe d'égaler le niveau de pollution en aérosols des pays riches. La répartition de la pollution poussée vers l'océan permet d'étudier toutes les situations: «de la zone très polluée (jusqu'à environ 2 000 km des côtes indiennes, ndlr) à l'air très propre que l'on retrouve vers 10° sud (au nord de Madagascar), là o