Jean-Pierre Haigneré était à la gare de Dijon, il y a trente ans, lorsqu'il apprit qu'un homme avait posé un pied sur la lune. Aujourd'hui, le spationaute français est en orbite sur la station Mir.
«Je crois ne pas avoir oublié un seul détail de la scène, trente ans après. C'était vers une heure du matin, sur le quai de la gare de Dijon. A cette époque, le train de nuit vers le midi de la France y attendait un très long moment son rattachement à celui qui venait de Strasbourg. Nous étions partis trop tôt de la gare de Lyon pour vivre l'événement en direct. Cette fois, l'arrêt dans la capitale de la Bourgogne était attendu avec impatience par les passagers du train. Je les vois encore sauter du marchepied, le train à peine arrêté, pour aller aux nouvelles.
Si, avant l'arrêt du train, certains avaient encore le calme des sceptiques, en apprenant la confirmation de l'exploit, la foule était devenue subitement surexcitée. Certains sautaient comme des gamins en criant : «Ils l'ont fait, ils l'ont fait», et d'autres passaient de personne en personne pour donner des détails qu'ils croyaient être les seuls à posséder. Les postes à transistor n'étaient pas si répandus à cette époque, si bien que ça et là sur le quai, des groupes se formaient spontanément autour de ceux qui en possédaient. Un peu ébahi par la nouvelle, je me souviens très bien avoir été parcouru par un très long frisson comme si un miracle s'était accompli.
Il faut se souvenir qu'il ne s'était écoulé que huit an