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Libération

Colère contre l'abandon du projet «Soleil»l'affaire du synchrotron.Chercheurs et politiques se retrouvent dans une même condamnation de la décision, prise par Claude Allègre, de ne pas construire un nouveau synchrotron en France.

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publié le 7 septembre 1999 à 0h35

Grève. Hier matin, 250 chercheurs et ingénieurs d'Orsay ont refusé,

geste sans précédent, de démarrer le synchrotron du Laboratoire pour l'utilisation du rayonnement électromagnétique (Lure), un équipement national à rayons X qui permet à des centaines de physiciens, chimistes, géophysiciens et biologistes d'analyser matériaux et molécules. Une grosse colère qui enfle depuis un mois.

Le drame s'est noué le 2 août. Au ministère de l'Education et de la Recherche, Claude Allègre convoque un quatuor majeur de la science hexagonale. Il y a là Catherine Bréchignac et Edouard Brézin, directrice générale et président du CNRS; Yannick d'Escatha, patron du CEA et René Pellat, le Haut Commissaire à l'énergie atomique. Le ministre leur fait part de sa «décision», suite à un rapport commandé au physicien Paul Clavin: il refuse la construction en France de Soleil, une très grosse machine proposée il y a huit ans et destinée à remplacer le synchrotron vieillissant d'Orsay. Et somme les scientifiques français de participer à une machine similaire ­ Diamond ­ que leurs homologues anglais se proposaient de construire pour remplacer leur synchrotron de Daresbury.

Dès la nouvelle connue, malgré la torpeur estivale, on crie à la «trahison», «connerie», «absurdité»"(Libération du 4 août). Les scientifiques font feu sur Allègre, rejoints par les élus de tous bords ­ jusqu'aux socialistes d'Ile-de-France, qui y voyaient une belle occasion de développement industriel. Le ministre s'attendait à une chau