Grève. Hier matin, 250 chercheurs et ingénieurs d'Orsay ont refusé,
geste sans précédent, de démarrer le synchrotron du Laboratoire pour l'utilisation du rayonnement électromagnétique (Lure), un équipement national à rayons X qui permet à des centaines de physiciens, chimistes, géophysiciens et biologistes d'analyser matériaux et molécules. Une grosse colère qui enfle depuis un mois.
Le drame s'est noué le 2 août. Au ministère de l'Education et de la Recherche, Claude Allègre convoque un quatuor majeur de la science hexagonale. Il y a là Catherine Bréchignac et Edouard Brézin, directrice générale et président du CNRS; Yannick d'Escatha, patron du CEA et René Pellat, le Haut Commissaire à l'énergie atomique. Le ministre leur fait part de sa «décision», suite à un rapport commandé au physicien Paul Clavin: il refuse la construction en France de Soleil, une très grosse machine proposée il y a huit ans et destinée à remplacer le synchrotron vieillissant d'Orsay. Et somme les scientifiques français de participer à une machine similaire Diamond que leurs homologues anglais se proposaient de construire pour remplacer leur synchrotron de Daresbury.
Dès la nouvelle connue, malgré la torpeur estivale, on crie à la «trahison», «connerie», «absurdité»"(Libération du 4 août). Les scientifiques font feu sur Allègre, rejoints par les élus de tous bords jusqu'aux socialistes d'Ile-de-France, qui y voyaient une belle occasion de développement industriel. Le ministre s'attendait à une chau