Noir, marron, vert, orange, rouge, c'est dans un délire diapré des
couleurs telles qu'on pourrait les admirer véritablement à l'oeil nu que vient de se présenter une nouvelle fois Io, sulfureux petit satellite de Jupiter (et peut-être le plus beau de tout le système solaire), à la sonde Galileo, qui n'en finit pas de tourner dans le système jovien depuis près de quatre ans. L'engin a envoyé fin août les dernières nouvelles de la petite lune, remuée par les violents effets de marée dus à la planète géante toute proche et sans arrêt agitée par des volcans actifs, dont les rejets finissent par ponctuer le sol des teintes brillantes susnommées. Les photos avaient été enregistrées le 3 juillet, alors qu'il survolait Io plus près que jamais, à 1 100 km seulement, les prochains survols, en octobre et novembre, s'annonçant encore plus spectaculaires. On a pu voir qu'«Io est cent fois plus active que la Terre, c'est l'objet céleste le plus volcanique de tout le système solaire», a rappelé à la mi-août l'astronome Fran Bagenal, de l'université du Colorado à Boulder (Etats-Unis), à l'occasion d'une conférence spécialement consacrée aux quatre satellites galiléens (Io, Europe, Ganymède, Callisto), lors du festival d'astronomie de Haute-Maurienne. «Elle relâche une tonne par seconde d'ions soufre et oxygène, et ses laves dépassent les 1 800 degrés.» Petite et ne présentant qu'une faible gravité, Io ne retient qu'une atmosphère ténue de dioxyde de soufre, et les survols successifs de