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Les collègues anglais compatissent.La collaboration souhaitée par Allègre n'a pas été prévue.

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publié le 7 septembre 1999 à 0h35

Leicester envoyé spécial

Le professeur Colin Norris est un francophile convaincu, amateur de Stendhal et de vacances en Provence. C'est aussi un des très bons physiciens anglais, habitué depuis plus de vingt ans à travailler sur les synchrotrons de divers pays et président du groupe de leurs utilisateurs. Parmi quelques autres, son jugement sur le projet franco-britannique de construire une machine de troisième génération a autorité. «Je comprends la colère de mes amis français, dit-il. Pour eux, aucun doute c'est un mauvais coup. Pour nous, çà l'est un peu moins...»

Alors que les esprits s'échauffent sérieusement du côté français, Norris et ses collègues évaluent sans s'énerver avantages et inconvénients de la solution voulue par Claude Allègre. Car en Grande-Bretagne l'affaire traîne depuis six longues années au cours desquelles physiciens et biologistes anglais se sont épuisés à réclamer la création d'une nouvelle machine. Comme Lure, le vieux Synchrotron Radiation Source (SRS) de l'université de Daresbury (Cheshire), au sud de Liverpool, un des tout premiers à avoir fonctionné dans le monde au début des années 70, sera bientôt dépassé. Dès avril 1993, un rapport officiel de l'agence britannique de la recherche (le Science and Engineering Research Council) recommandait fermement son remplacement dans les plus brefs délais. «Et puis les choses ont traîné, il n'y avait apparemment pas assez d'argent et on nous a longtemps tenus dans l'ignorance de ce qui se passait», raconte