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Interview

«On nage en pleine absurdité».«Soleil» abandonné, la France va dépenser 2 milliards"" pour des capacités moindres, affirme Yves Petroff, qui dirige le synchrotron de Grenoble.

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publié le 7 septembre 1999 à 0h35

Le Français Yves Petroff dirige le synchrotron européen ESRF

(European Synchrotron Radiation Facility), à Grenoble, depuis 1993. Un équipement «world class» (les USA et le Japon en ont un également) capable de fournir des rayons X «durs» à «3 000 chercheurs par an». Pour établir la structure d'une protéine, analyser la surface d'un matériau ou une mousse utilisée dans l'industrie. Spécialiste incontesté, Yves Petroff a écrit, à la mi-juillet, une lettre au ministère sur le rapport Clavin, dont il juge la non-divulgation ­ Vincent Courtillot le lui a remis contre promesse de le conserver secret ­ «ahurissante et inacceptable». Un rapport «bourré d'erreurs, d'affirmations ridicules, bâclé», affirme-t-il sans détours. Petroff peut dénoncer «l'amateurisme du ministère», c'est un homme libre. «Dans un an et demi, à la fin de mon mandat, je pars faire de la recherche à Berkeley (Etats-Unis), je n'ai aucun intérêt direct dans Soleil, ni aucune raison de faire plaisir à quiconque.» Le ministre vous a-t-il consulté avant de décider l'abandon de Soleil?

Le 7 juillet, Vincent Courtillot, le directeur de la recherche, m'a demandé de participer à un groupe de travail sur le projet. J'ai donc demandé le rapport de Paul Clavin, sur lequel le ministre était censé s'appuyer. J'ai aussitôt dit, puis écrit, à Courtillot à quel point ce texte de 15 pages me semblait mauvais, truffé d'erreurs. Clavin avait une mission: démontrer que l'Europe dépense plus que les Etats-Unis pour le rayonnement syn