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Portrait

Nubie, la clef des temples

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Christiane Desroches Noblecourt, égyptologue, 86 ans, révèle dans son dernier livre que les temples sauvés des eaux sont moins religieux que scientifiques.
publié le 14 septembre 1999 à 0h56

Sans elle, le temple d’Abou Simbel serait sans doute englouti tout comme 23 autres temples de Nubie, sauvés des eaux. Les expositions Toutankhamon et Ramsès II à Paris, c’est encore elle. Christiane Desroches Noblecourt, qui a dirigé le département égyptien du Louvre entre 1974 et 1981, professeur à l’Ecole du Louvre a été la première femme envoyée sur le terrain, en Egypte, avant guerre. Au grand dam de ces messieurs qui avaient demandé sa révocation. Soixante ans après, cette petite bonne femme n’a rien oublié mais elle a largement pris sa revanche. En 1954, lorsque Nasser décide la construction du grand barrage d’Assouan, celui qui va engloutir la Nubie au sud de l’Egypte, Christiane Desroches connaît la valeur de ces temples et part en croisade pour les sauver. Elle a travaillé 15 années de suite en Nubie, en été qui plus est au moment des vacances universitaires, en pleines périodes d’inondation, ce que très peu d’autres archéologues ont vécu: «La Nubie était noyée toute l’année, elle se dégageait de juillet à octobre, des mois où on doit supporter 58° à l’ombre. Il faut être fou pour y aller. J’ai bénéficié de circonstances extraordinaires et d’une sacrée santé.» Elle frappe à toutes les portes, interpelle les pontes de l’Unesco, le gouvernement égyptien, se fait appuyer par de Gaulle et Malraux, et obtient gain de cause: 24 temples seront sauvés des eaux, déplacés, surélevés, puis visités par des millions de personnes. Celle qu’on a surnommée «la pharaonne» po