Peu d'organisateurs de congrès scientifiques songeraient, lors de la
cérémonie d'ouverture, à faire monter des troubadours sur l'estrade. Pour Sylvie Vauclair, 53 ans, présidente de la Société française des spécialistes d'astronomie, qui accueillait le Jenam 99 (1) la semaine dernière à Toulouse, la musique, au contraire, s'impose. Moins l'antique «harmonie des sphères» que celle exaltant la «fine amor», à en tirer des larmes au rationaliste le plus endurci. «Je chante depuis vingt ans», explique tout simplement l'astrophysicienne, qui dit avoir «l'oreille absolue» mais n'envisagerait pas de réduire la musique à une théorie des nombres. «Elle refuse de se laisser embrigader dans une théorie mathématique», a-t-elle même écrit dans son dernier livre, naturellement titré la Symphonie des étoiles (2). «C'est que la musique, comme la science, ne peut pas se refermer sur elle-même: c'est une spirale ouverte sur l'infini.» Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir une maman institutrice qui vous emmenait, au petit matin, voir se lever Sirius, l'étoile la plus brillante du ciel, et vous lisait l'Astronomie populaire de Camille Flammarion. De ce temps, Sylvie Vauclair a gardé le plaisir de citer ce dernier, quitte à gentiment le plaisanter. Ne s'imaginait-il pas le Soleil comme un bûcher gigantesque de milliards de milliards de tonnes de charbon? Et l'ancienne élève d'Hubert Reeves près de lui, elle parvient d'ailleurs à tenir en conférence le grand public en haleine, ce qui n'est