Menu
Libération
Portrait

Le tour des étoiles en 188 jours

Article réservé aux abonnés
Jean-Pierre Haigneré, 51 ans, a passé une demi-année à bord de la station orbitale Mir. Le Français atterrit en douceur.
publié le 21 septembre 1999 à 0h48

A ses heures perdues dans l'espace, Jean-Pierre Haigneré photographiait les nuages. Près de deux mille clichés, pris avec son appareil numérique et rapportés dans son ordinateur portable. «Les nuages ont des nuances infinies de blanc, de rose, de bleu. Et des trames multiples. Parfois entre le relief de la terre et les nuages, on croit déceler un message.»

Général de l'armée de l'air, pilote de chasse et d'essai, Jean-Pierre Haigneré est aussi poète et philosophe. Il peut parler sans fin de la Terre qui, vue de Mir, «paraît une toile de maître», des richesses de l'aventure spatiale «que rien ne justifie, ni le profit ni la science». Sur Mir où il vient de passer cent quatre-vingt-huit jours avec deux cosmonautes russes, il a lu les Contes des Mille et Une Nuits et joué du saxo pour «retrouver son univers à lui». «C'était un peu ingrat, dans l'espace, il est difficile de monter son diaphragme». En apesanteur, il fallait coincer le saxo avec le bras. A deux reprises, il a joué au-dessus de Rio de Janeiro et s'est cru sur les plages cariocas. Avec cette demi-année sur Mir, Haigneré a décroché un record : celui de l'astronaute étranger qui a passé le plus de temps sur la station orbitale russe, quelques heures de plus que l'Américaine Lucy Shannon. Il en est fier. Mais il préfère parler d'un «sentiment d'accomplissement total».

Communicatif, Haigneré a le goût des mots. Mais souvent il hésite, se sachant peut-être impu