Octobre 1997-février 1998, un déluge s'abat sur la Somalie et la
Tanzanie. Sur ces terres habituellement arides, le trop-plein d'eau est catastrophique. Réfugiés par milliers, villages détruits, récoltes perdues. Accusé? El Niño, s'empressent d'écrire journalistes" et océanographes (Libération du 14 octobre 1997). Mise en cause logique. A cette époque, le «vilain garnement» du Pacifique est en pleine activité: cette anomalie climatique vient à intervalles irréguliers bouleverser la répartition des eaux les plus chaudes à la surface de l'océan Pacifique tropical, qui glissent de l'Ouest vers l'Est, ce qui déplace brutalement les zones de pluie vers les côtes andines et la sécheresse vers l'Asie du Sud-Est. Les Nino les plus puissants durent de longs mois et sont soupçonnés d'être responsables d'à peu près tout ce qui arrive d'inhabituel sur la planète côté météo.
«Pas du tout, c'est la faute de l'océan Indien», viennent de démontrer deux équipes d'océanographes dans Nature du 23 septembre. Une équipe américaine (1) s'est servie du satellite Topex-Poséidon une coproduction franco-américaine (Cnes-Nasa) qui surveille les Océans depuis 1992 pour découvrir que l'océan Indien, cette année là, faisait vraiment des siennes. Son réservoir d'eaux chaudes de surface, au lieu de rester sagement côté Indonésie, s'était déplacé jusqu'aux côtes africaines. Poussé par des vents eux aussi en folie, soufflant d'Est en Ouest, à l'inverse de leur habitude. D'où le déluge en Afrique de l'Est.