Pour «Survivre à la science», Jean-Jacques Salomon livre sa recette:
la «précaution» et une double «libération», celle de la «tyrannie du progrès et du mythe de la science capable de changer la nature de l'homme». Professeur honoraire au Conservatoire national des arts et métiers, président du Collège de prévention des risques technologiques institué par Rocard et éliminé par Juppé en 1995, Jean-Jacques Salomon est un vieux routier de la réflexion sur les relations science/société. Il ne diabolise ni ne sanctifie la science. Inutile de craindre le cri apocalyptique du futurologue effrayé ou un éloge des pouvoirs nouveaux promis par les scientifiques. D'ailleurs, son livre embraye assez vite sur un grand classique, «la bombe» et les affres des Oppenheimer, Einstein et autres Leo Szilard qui, après avoir fait campagne pour que l'Amérique se dote de l'arme nucléaire avant Hitler, se mordent les doigts d'avoir libéré «le diable». Du coup, on s'attend à ce que les chapitres suivants, sur les dernières nouveautés issues des labos de Dolly-la-clone au Cybermonde en passant par le climat qui se réchauffe (1) et les menaces des semences à la Terminator qui ligotent les paysans au bon vouloir des multinationales tricotent allègrement sur le thème de la responsabilité des scientifiques. Et là, on est un peu déçu. Non que les réflexions de l'auteur ne soient intéressantes. Il traite avec acuité du système de recherche, des intérêts sociaux en jeu et même parfois d'un ou deux scienti