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Libération

Chaude, la patate transgénique.

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L'honorable «Lancet» publie des travaux très controversés.
publié le 19 octobre 1999 à 1h15

Mon premier est une pomme de terre, mon second est un rat, mon troisième est un journal britannique. Mon tout pourrait s'appeler «le jeu de la patate chaude» s'il ne s'agissait pas de répondre à une question sérieuse: les plantes transgéniques sont-elles dangereuses pour la santé? L'histoire se déroule outre-Manche autour d'une pomme de terre transgénique expérimentale qui n'a jamais eu vocation de conquérir une quelconque friteuse. Néanmoins, le tubercule ­ qui alimente les médias britanniques depuis dix-huit mois ­ a été jeté samedi en pâture aux lecteurs du très honorable hebdomadaire médical The Lancet. C'est que la patate en question est devenue un symbole du combat contre les risques sanitaires présentés par les plantes transgéniques. Et pour cause. Elle est toxique, cette pomme de terre transgénique. Toxique pour les rats.

C'est ce qu'avait révélé lors d'une émission télévisée son créateur, le biochimiste Arpad Pusztai, travaillant alors au Rowett Research Institute à Aberdeen. Le chercheur avait expliqué sa «manip»: il a introduit dans le génome de pomme de terre un gène provenant des bulbes du perce-neige et commandant la fabrication d'une protéine toxique, la lectine. Un pesticide, en réalité. Les lectines sont connues pour être produites par de nombreux végétaux, notamment dans leurs graines et leurs organes de réserve, sans doute comme défense contre les insectes. Pusztai, qui est expert de réputation internationale ès lectines, a nourri des rats avec ses pommes d