Sur plus de 1 200 médicaments mis sur le marché entre 1975 et 1997,
11 seulement ont visé le traitement d'une maladie tropicale. C'est le constat dramatique dressé lors de la conférence internationale que tenait MSF vendredi (1), juste au moment où tomba l'annonce du prix Nobel (lire Libération du 15 octobre). Pis, parmi les 11 médicaments, 5 ne sont que des" sous-produits de la recherche vétérinaire, selon Patrice Trouiller, pharmacien au centre hospitalier universitaire de Grenoble. En ce qui concerne les maladies transmissibles, les plus importantes dans les pays pauvres, «la recherche pour des nouveaux médicaments est en panne», constate MSF. Les géants de l'industrie pharmaceutique regardent ailleurs, du côté des médicaments dits de confort, de life style pour le traitement de l'impuissance, de l'obésité" Réorganisation de l'économie mondiale et pression des actionnaires orientent clairement la recherche: mieux vaut des médicaments profitables que ceux dont il y a grand besoin sur des marchés insolvables.
«Notre campagne ne sera pas dirigée contre l'industrie pharmaceutique», assure cependant Bernard Pécoul, directeur du projet «Accès aux médicaments essentiels» chez MSF. Selon lui, un ancien directeur de Merck avait raison de soutenir: «Nous faisons face à un problème social, nous ne pouvons pas demander à l'industrie de le résoudre.» Pour cette raison, MSF réclame l'intervention du politique. Selon Bernard Pécoul, il faudrait mettre sur pied un cadre réglementaire et