Demain, au Collège de France, cela va phosphorer sérieux. Quelques
centaines de scientifiques y sont invités par la Société française de physique à débattre d'un thème ardu: «l'Elémentaire et le Complexe», manifestation que parraine Libération. «Au début, nous avions pensé à réductionnisme et émergence, mais on s'est dit que cela sonnait trop philo», explique Gilles Cohen-Tannoudji, physicien et coorganisateur. Donc, va pour l'élémentaire comme les particules ou les calculs du même nom. Va aussi pour cette complexité brandie comme l'étendard d'une pensée bannissant le simplisme.
Vieux débat? «Il est indéniable que cette dialectique ne date pas d'hier», concède Cohen-Tannoudji. Mais les huit conférences doivent montrer comment «elle s'enracine dans les pratiques et les discussions actuelles des scientifiques». Dans l'infiniment petit comme dans l'Univers des galaxies, en biologie comme en géosciences. Jean Zinn-Justin (qui répondit à l'une des questions non résolues par les deux derniers Nobel de physique) doit ainsi faire valoir comment les physiciens des particules élémentaires se sont sortis d'affaire en utilisant les outils de la physique statistique ceux utilisés justement pour traiter des phénomènes complexes à grande échelle. L'origine de la vie (le biologiste Pierre Tambourin), où l'activité cognitive du cerveau et la formation des réseaux de neurones (le philosophe Jean Petitot), seront deux exemples particulièrement éclairant de cette «émergence» de la complexité