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Haro sur Le «gène de l'intelligence».Plusieurs chercheurs français réagissent à la publication dans «Nature» d'une expérience américaine sur «l'intelligence» de souris génétiquement modifiées.

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par Cécile Guérin
publié le 26 octobre 1999 à 1h21

Début septembre, l'annonce à Princeton, de souris devenues plus

«intelligentes» après avoir été génétiquement modifiées a fait grand bruit (1), montant à la une des journaux. L'expression «gène de l'intelligence» semblant devenir recevable, après celles du «gène» de l'alcoolisme, de l'homosexualité, de l'infidélité masculine, de l'amour maternel... Libération revient sur ce sujet de recherches crucial, à propos duquel les chercheurs américains écrivaient: «Nos résultats suggèrent que l'augmentation génétique des capacités mentales et cognitives, comme l'intelligence et la mémoire, chez les mammifères est faisable.»

Rappelons que Joe Tsien (université de Princeton) et ses collaborateurs avaient initialement inséré chez des souris une copie supplémentaire d'un gène NR2B, qui participe à la production d'une protéine très spéciale, le N Methyl D Aspartate. Cette dernière est un véritable «garde-barrière» sur le trajet de l'influx nerveux dans l'hippocampe, où les neurones sont spécialisés dans la formation de la mémoire. Après une stimulation, les «barrières» NMDA s'ouvrent, laissant pénétrer des ions calcium à l'intérieur du neurone, ce qui permet la transmission du signal nerveux. Quand ils pratiquent ce dopage génétique, les chercheurs augmentent artificiellement la durée d'ouverture de ces portes. Ils observent alors une efficacité accrue des connexions entre les neurones, phénomène appelé «Potentialisation à Long Terme», souvent utilisé comme modèle in vitro de la mémoire.