Friedhelm Herrmann avait tout de la star scientifique. Ce
spécialiste allemand du cancer pouvait aligner plus de 550 publications, dans des très sérieuses revues comme Blood, Embo Journal ou Proceedings of the National Academy of Sciences. Il était couvert d'honneurs scientifiques et souvent consulté sur la politique budgétaire de la recherche en cancérologie. Cet universitaire réputé professeur aux universités de Mayence, Freiburg, Ulm et au prestigieux centre Max-Delbrück de médecine moléculaire (Berlin) est pourtant cloué au pilori par une commission de «détectives scientifiques» chargés de traquer la fraude dans les laboratoires. Leur rapport, qui va sortir à la fin de l'année, dresse le portrait d'un fraudeur invétéré, qui remporterait sans problème la palme du plus grand tricheur européen dans sa catégorie. Pour quelques journaux allemands, c'est même le «Tchernobyl de la science». Imposture. A l'origine du scandale, en 1997, un «postdoc» rigoureux et membre de l'équipe de Herrmann à l'université d'Ulm. Il remarque des résultats jamais obtenus par cette équipe et des graphiques et photos trafiqués sur l'ordinateur dans un des articles de son chef, paru dans The Journal of Experimental Medicine. Malgré des menaces de son directeur, il en informe d'autres professeurs. Quelques semaines après, Marion Brach, professeur et collaboratrice de Herrmann, avoue: elle a participé à une fraude. Le professeur, lui, nie en bloc bien que plusieurs commissions d'enquêtes locales c