Depuis dix ans, ils mènent leurs expéditions ensemble et traquent
obstinément en Asie l'ancêtre de tous les singes, là où la plupart des chercheurs suivent la piste africaine. Les efforts de ces paléodétectives sont récompensés: Jean-Jacques Jaeger, professeur à l'université de Montpellier, et Stéphane Ducros, du CNRS, ont déterré en Birmanie quelques fragments de mâchoires qui confirment leur théorie. Ces fossiles datant de 40 millions d'années leur permettent de définir une nouvelle espèce, baptisée Bahinia (1). Et apporteront quelque lumière sur l'allure du primate qui a précédé les singes. Car connaître ce mystérieux individu revient à connaître, nous éclairer sur notre arbre généalogique, l'homme et le singe ayant un ancêtre commun. C'est par la dent que l'on remonte la filière. En Birmanie, le gisement de Myanmar est connu depuis le début du siècle, des restes de primates très fragmentaires avaient été découverts mais ne permettaient pas de tirer des conclusions. Le pays a été fermé et récemment le gouvernement birman qui a décidé de reprendre la prospection a fait appel aux deux Français qui travaillent avec deux chercheurs marocain et thaïlandais. Deux missions et des fouilles dans l'argile rouge de Birmanie en 1998 ont abouti à la découverte de deux rangées dentaires supérieures et d'un bout de mandibule. Presque un trésor car les paléontologues savent qu'ils ont peu de chance de tomber sur un squelette complet dans ces temps qui frôlent les 45 millions d'années. P