«Il n'est pire eau que l'eau qui dort.» Les chimpanzés et les
babouins prennent la phrase au sens littéral, se méfient d'instinct de l'eau stagnante et ne la boivent pas: ils la filtrent et évitent ainsi les gènes pathogènes contenus dans les flaques croupissantes. C'est ce que viennent de découvrir deux chercheurs de l'Institut de recherche pour le développement (IRD, ex-Orstom, France), l'éthologiste Amh Galat-Luong et l'écologiste Gérard Galat qui observaient ces mammifères depuis 1996 au Sénégal dans le parc national du Niokolo-Koba et dans le département de Kédougou. Au départ, ils étudiaient l'impact de la désertification ou de la déforestation sur la faune sauvage. Ils ont vu qu'en saison sèche, même à côté de petites mares d'eau, les chimpanzés et les babouins creusent des trous dans le sable du lit asséché des rivières soit à la main, soit à l'aide d'un bâton, ceci pour filtrer l'eau.
L'eau qu'ils obtiennent alors est claire et limpide, contrastant avec l'eau croupie des flaques naturelles. Parfois, les trous creusés par les singes se situent à côté de ceux creusés par les habitants du lieu qui viennent puiser de l'eau potable dans la rivière.
«Des analyses bactériologiques sont en cours, ont précisé les chercheurs, mais les examens préliminaires montrent que l'eau des flaques comporte des agents pathogènes caractéristiques d'eau putride croupie, impropre à la consommation, alors que ces germes sont absents de l'eau filtrée des trous creusés dans le sable. Celle-ci ne