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Libération

Une nouvelle clé du cerveau. La découverte d'un neurotransmetteur de type nouveau pourrait aider à prévenir les attaques cérébrales.

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par Cécile Guérin
publié le 16 novembre 1999 à 1h43

La nouvelle dérangeante est qu'un intrus se cache dans le cerveau.

Mais la bonne suit aussitôt: cette molécule inconnue dans le règne animal pourrait inaugurer une piste thérapeutique nouvelle dans la prévention des attaques cérébrales, troisième cause de mortalité dans les pays occidentaux. C'est ce que soutiennent le célèbre neurobiologiste américain Solomon Snyder (Johns Hopkins medical institution) et ses collaborateurs dans une publication récente des Proceedings of the National Academy of Sciences (1). Baptisée D sérine, la molécule a été repérée chez les mammifères dès 1993 par une équipe japonaise, mais c'est seulement maintenant qu'on commence à découvrir son caractère exceptionnel. Il s'agit d'un acide aminé (composant essentiel des protéines) de forme «droite». Autrement dit, une molécule dont l'agencement des atomes est à l'exact opposé des acides aminés jusqu'à présent découverts dans le corps humain, qui ont tous une forme «gauche» ­ à l'instar de la main droite et de la main gauche qui ne peuvent se superposer.

Première. Les chercheurs ont commencé par repérer la D sérine dans les astrocytes, cellules qui protègent et nourrissent les neurones. La question s'est alors posée de savoir comment pareil intrus s'était retrouvé dans le cerveau. La réponse semble étonnamment simple: à partir d'une forme «gauche» de la molécule, la L sérine, acide aminé commun chez les mammifères, la forme «droite», la D sérine, peut être fabriquée par une enzyme (la sérine racemase). L