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Libération

De l'air pour l'estuaire. En l'état, le projet d'aménagement du port du Havre aggraverait les maux de la Seine.

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publié le 23 novembre 1999 à 1h35

Rouen envoyé spécial

Au beau milieu d'un colloque scientifique, avec tout ce qu'il faut de diapositives ou transparents remplis d'équations, il est rare d'entendre pareil cri du coeur d'un marin-pêcheur: «En 1970, on pêchait encore l'éperlan à la tonne en baie de Seine! Et maintenant, les jeunes ne savent même pas le reconnaître quand ils en voient un», a lancé Alexis Maheut, du comité des pêches du Havre. C'est que ledit colloque, avec 250 scientifiques de 23 laboratoires réunis du 17 au 19 novembre à Rouen, portait sur l'estuaire de la Seine, et présentait quatre années de recherche en environnement. Une recherche «appliquée dont on attend des résultats», a insisté Roland Goujon, initiateur du programme Seine-Aval ­ 21 millions de francs (1) ­, responsable de la région du même nom à l'Agence de l'eau Seine-Normandie. Et dont doivent sortir des «recommandations» permettant aux élus de prendre des décisions parfois difficiles.

«Corridor de la mort». D'abord, le constat, après analyse des contaminants chimiques dans les sédiments, de l'hydraulique du fleuve et après modélisation informatique des cycles biogéochimiques: la Seine, avec son faible débit, a bien du mal à supporter la pollution émise par 16 millions d'habitants, les industries et l'agriculture intensive de la région. Son estuaire (2) vers lequel tout converge, est bien malade, «l'un des plus contaminés d'Europe», constate Axel Romaña (Ifremer Toulon), le directeur scientifique de Seine-Aval. C'est même un véritable