Maryland envoyé spécial
Le magazine Time l'a surnommé le «franc-tireur du gène» mais le Californien Craig Venter, 52 ans, se verrait volontiers en Bill Gates du «Gene Dream». Biochimiste réputé, un des tout premiers à avoir publié la description intégrale du génome de plusieurs organismes vivants (1), c'est aussi désormais un homme d'affaires très doué dont la société, Celera Genomics, a une valeur estimée de 1,3 milliard de dollars (plus de 8 milliards de francs) après seulement une petite année d'existence. Outre-Atlantique, après le boom de la Silicon Valley, beaucoup voient dans la révolution génomique le prochain gros gisement d'affaires. Conçue naguère comme science de l'hérédité, objet de recherche fondamentale, la génétique en est aujourd'hui au stade des applications pratiques. Pour les centaines de sociétés de biotechnologie qui ont fleuri en dix ans sur la côte Est des Etats-Unis, les débouchés potentiels sont quasi infinis 60% des maladies des adultes ont une composante génétique , et les créneaux sont multiples, de l'identification des gènes jusqu'à l'invention des nombreux outils technologiques nécessaires à cette nouvelle discipline. Et Venter, comme quelques autres PDG-chercheurs frais émoulus de l'université, entend bien tirer sa carte du jeu. Sur le point de décoder la totalité du génome humain, l'alphabet de la vie, le patron de Celera est devenu le cauchemar de nombreux généticiens plus académiques. Corridor high-tech. L'ambition de ce fou de voile n'