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Libération

Une longue vie sans gène. Des souris dont un gène avait été inactivé ont vécu 30% plus longtemps, grâce à des chercheurs italiens.

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par Pauline LENA
publié le 23 novembre 1999 à 1h36

Elles n'ont rien de si différent de leurs congénères, ces souris-là,

sauf un gène mutant et une protéine en moins. Sauf que, justement, elles sont bien différentes: elles vivent un tiers de temps supplémentaire, huit mois de plus que les 28 mois des souris «sauvages» (sans mutation)! Une grande première chez les mammifères (1). Mieux, l'allongement spectaculaire de leur durée de vie ne s'est pas accompagné de troubles physiologiques. Alors que toutes les autres expériences d'allongement de durée de vie ont montré le contraire. Exemple, quand la souris mange moins (réduction calorique): effectivement, elle vit plus longtemps, mais est moins fertile et beaucoup plus petite que la normale. L'équipe italienne (2) dirigée par Enrica Migliaccio (Institut européen d'oncologie de Milan) n'a rien observé de tout cela: leurs souris mutantes sont en pleine forme et, en dehors d'une modification du tissu pulmonaire qui ne semble pas pathologique, parfaitement normales. Hasard. C'est le hasard qui est à l'origine de la découverte des chercheurs: il y a plusieurs années, ils découvrent qu'une mutation génétique conduit à l'inactivation d'une protéine, baptisée «p66». Cette dernière a une action très singulière quand l'organisme est agressé par des composés oxydants (UV, eau oxygénée") Selon les chercheurs, il y a deux possibilités (qui ne s'excluent pas): soit p66 inhibe les processus de réparation des cellules, soit elle précipite leur mort. En d'autres termes, elle «dit» à la cellule: