Conkouati (Congo) envoyée spéciale
Ce matin-là à 6 heures, après une nuit de pluie diluvienne, l'eau continue de tomber sur la forêt équatoriale de la réserve de Conkouati, au Congo-Brazzaville, un parc naturel proche de la frontière gabonaise. Gabriel et Eric, deux jeunes Congolais de 30 et 24 ans, ont revêtu l'équipement kaki de rigueur dans la forêt, les bottes en caoutchouc, le poncho. Comme chaque jour à la même heure, ils disparaissent, happés par une sombre végétation. Trois équipes d'observateurs auxiliaires partent simultanément à la recherche d'autres groupes de chimpanzés. Grâce à leur boussole et aux repères laissés sur les arbres, ils savent toujours où ils sont. Une heure de marche au moins sera nécessaire pour retrouver les chimpanzés là où ils les ont laissés la veille au soir. Si les singes se sont déplacés, leur collier émetteur permettra de les localiser. Ni sauvages ni domestiques, ce sont des chimpanzés «relâchés». Capturés tout petits par des braconniers qui chassent les adultes pour leur viande très appréciée, ils ont été «réhabitués» à la vie sauvage avant d'être réintroduits dans cette partie de la forêt, 22 km2 entourés de rivières, appelée le Triangle.
Tracés à la machette. La progression est difficile dans la boue, le pied s'enfonce, glisse, dérape, cherche à éviter les traces d'éléphants, des trous profonds. Car les pachydermes empruntent les layons tracés à la machette par les hommes. Soudain, Gabriel et Eric stoppent net, réclament le silence de