Dennis Stanford dirige le département d'anthropologie de la
Smithsonian Institution. Début novembre, il a fait scandale en avançant une idée iconoclaste: le peuplement de l'Amérique aurait eu une «French connection». Il l'a expliqué à Libération dans le laboratoire de paléoarchéologie du musée national d'Histoire naturelle, qui possède l'une des plus importantes collections mondiales d'objets paléolithiques.
Vous faites l'hypothèse d'un peuplement de l'Amérique du Nord par des groupes arrivés d'Europe il y a plus de 20 000 ans. Sur quoi repose-t-elle?
Avant tout sur la très grande similitude des formes, et surtout des technologies de taille de la pierre, que j'ai pu observer entre les objets de la «culture de Solutré» (1) et ceux de la «culture de Clovis». Mais aussi sur des traits communs entre ces deux cultures: l'absence de sépultures, les gravures que l'on trouve sur certains objets, l'enfouissement, peut-être rituel, de grosses pointes d'obsidienne ou de cristal, etc.
Comment en êtes-vous arrivé à cette hypothèse?
Pendant des années, j'ai recherché sur le continent asiatique des objets du paléolithique qui puissent être rapprochés de ceux de la culture de Clovis et je n'en ai jamais trouvé. J'ai cherché ailleurs et me suis rendu en Europe.
On vous oppose justement que 4 500 ans séparent la culture de Solutré de celle de Clovis" Mais des fouilles récentes en Virginie ont permis de trouver des objets de type Clovis dans des strates beaucoup plus anciennes qui ont jusqu'à 17