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Libération
Portrait

Jean-Pierre Luminet, 49 ans, spécialiste mondial des trous noirs, goûte intensément la poésie. Le poète qui a embrassé le cosmos.

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publié le 7 décembre 1999 à 2h07

Longtemps, il fut «Monsieur trou noir». Un comble pour un

scientifique arborant le luminifère nom de Luminet. L'astrophysicien a travaillé sur ce dévorant sujet pendant une bonne dizaine d'années, publiant en 1987 un livre phare sobrement intitulé les Trous noirs, immédiatement porté aux nues pour son excellence. Depuis, il a été traduit jusqu'en Chine, la jaquette de l'édition anglaise Black Holes, arborant un dessin de l'auteur. Car, non content de croquer l'Univers en quelques lumineuses équations, Jean-Pierre Luminet s'essaye aussi à le dessiner. Dans ses gravures à la plume en noir et blanc, proches des univers impossibles à la Escher, se mêlent sur d'invisibles lignes géodésiques, ruines de cathédrales gothiques, pavements déformés par des perspectives courbes, dés jetés en vrac (Dieu y joue-t-il ou pas?)" «L'harmonie invisible». Lauréat depuis la semaine dernière du prix Lemaître (lire ci-contre) l'astrophysicien de 48 ans a désormais sauté dans un autre monde, celui de l'Univers «chiffonné». Son sujet de prédilection post-trou noir lui tisse de nouvelles connexions internationales, notamment avec des théoriciens-mathématiciens américains, enchantés tout comme lui d'embrasser par la pensée l'Univers tout entier. Un univers plus invisible que visible, d'ailleurs. Et Luminet de citer Héraclite: «Nature aime se cacher! L'harmonie invisible (est) encore plus belle que la visible.»

Scientifique goûtant intensément la poésie, il a d'ailleurs fini par accepter de réunir une an