Dans une pièce tapissée de miroirs, luit une bougie. Sa flamme, à
l'infini, se répète. Le regard s'enfuit dans le lointain, où flamboient ses reflets par milliers. D'un espace restreint peut ainsi surgir tout un monde, étonnante fiction. Et si l'Univers, immensité dans laquelle sont plongés les humains, la Terre, les étoiles et toutes les galaxies, était à cette image? Et si c'était ce genre d'espace fictif, où règne une «illusion d'infini», qu'observent en réalité les télescopes? Le «véritable» Univers n'étant qu'un «mini-Univers» fini, répété à l'infini" Ces questions, l'astrophysicien français Jean-Pierre Luminet, qui se dit «fasciné par les illusions d'optique et la fragmentation des images», récompensé mardi dernier pour ses travaux de cosmologie (lire ci-contre), ne cesse depuis plusieurs années de se les poser.
Mode. Aujourd'hui, l'interrogation menacerait presque de devenir une mode. «Nous étions seuls, au début, avec Marc Lachièze-Rey (service d'astrophysique, CEA). Aujourd'hui, d'autres groupes, en particulier américains, s'y sont mis.» Il faut dire que pareille histoire, avec ses vrais-faux infinis par-ci, ses mirages et images fantômes par-là, a de quoi agripper les neurones. Et si Luminet a choisi pour sa vision le poétique nom d'«univers chiffonné», il ne s'agit pas de science-fiction. Plutôt une réponse mathématique à une interrogation physique fondamentale, à laquelle peu ont osé s'attaquer: quelle peut bien être la forme globale de l'Univers? Sa topologie?
Non