Le ciné X dans le cosmos, c'est violence à tous les films. «Galaxies
en collision, environnement chauffé à blanc des trous noirs, étoiles qui explosent et déversent dans l'espace interstellaire les atomes lourds qu'elles ont forgés dans une sorte d'alchimie gigantesque, gaz chauffés à des dizaines de millions de degrés"», tous émettent ces rayons virulents, explique Roger Bonnet, le directeur du programme scientifique de l'Agence spatiale européenne, interrogé à Kourou où il suit les derniers préparatifs du tir. Mieux, les X pourraient révéler une bonne part de la «matière obscure» qui pourrait constituer jusqu'à «90% de la masse de l'Univers», souligne-t-il.
«Le meilleur». Ce spectacle surprenant est réservé aux voyeurs spatiaux, car «l'atmosphère absorbe les rayons X», souligne Monique Arnaud, astrophysicienne au Commissariat à l'énergie atomique. Et jusqu'à présent sous leadership américain, estime Roger Bonnet, qui se félicite d'offrir aux astrophysiciens européens et américains (1) «le meilleur télescope X jamais construit», capable de percevoir des millions de sources de rayons X, jusqu'au plus profond de l'Univers où se nichent les quasars, des galaxies soupçonnées d'abriter des trous noirs géants.
Avec XMM (télescope X à miroirs multiples), l'Agence spatiale européenne met en orbite un mastodonte sans équivalent, dont la durée de vie devrait être de dix ans: 3,9 tonnes, 10 mètres de long, noir comme la nuit, 3,9 milliards de francs environ. Un «vrai» prix: satellite