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Critique

Darwin version originale. Son livre qui montre que l'homme descend d'un singe est retraduit. Charles Darwin: «La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe», Editions Syllepse, 826 pp., 280 F.

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publié le 14 décembre 1999 à 2h01

En 1871, onze années après la publication de l'Origine des espèces,

Darwin ose enfin inclure l'homme dans l'évolution. Et publie the Descent of Man dont les derniers mots sont un coup de tonnerre dans le ciel des certitudes religieuses: «L'homme porte toujours dans sa construction corporelle l'empreinte indélébile de sa basse origine.» Bref, l'homme descend d'un singe. «Africain», précise Darwin, au seul vu de notre parenté morphologique et comportementale avec gorilles et chimpanzés. L'apparition même de l'homme n'a rien de nécessaire, puisqu'elle survient après une longue chaîne de «hasards de l'évolution». S'il n'ose encore exclure publiquement le Créateur, le grand biologiste exclut la «création spéciale» de l'homme ou de toute autre espèce. Charles Darwin ne se fait aucune illusion sur les résistances qu'il va susciter. «La principale conclusion à laquelle je suis parvenu dans cet ouvrage, à savoir que l'homme descend de quelque forme d'organisation inférieure, sera, je regrette de le penser, hautement déplaisante pour beaucoup.» Mais, écrit-il, «ce n'est rien d'autre que notre préjugé naturel, et cette arrogance qui a conduit nos ancêtres à prétendre qu'ils descendaient de demi-dieux, qui nous font hésiter devant cette conclusion».

Texte «enjolivé». De ce livre fondamental, le lecteur francophone était pourtant privé. Epuisée depuis longtemps, la dernière édition date de 1981 (Editions Complexe) et n'était que le fac-similé ­ erreurs comprises comme cette sélection «sex