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Libération

Le spécialiste des Inuits, publie «Hummocks», récit flamboyant de ses aventures polaires. Malaurie, dernier roi du pôle.

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publié le 14 décembre 1999 à 2h01

C'est un défi à la morosité ambiante de l'édition française, un acte

de foi en des valeurs supérieures ­ intelligence, goût de savoir, curiosité du monde ­" ou bien une manifestation d'égotisme sans pareil, peut-être bien un peu de tout ça: en publiant les 1 200 pages d'Hummocks (1) chez Terre Humaine, la collection qu'il a fondée chez Plon en 1955, Jean Malaurie, 77 ans la semaine prochaine, géographe, explorateur, aventurier, «spécialiste mondial des peuples inuits» ­ comme l'indique sobrement sa note biographique ­ et même, à l'en croire, véritable «Esquimau blanc», fait preuve d'optimisme, de culot, et aussi, disent ses détracteurs, d'un vieil amour de soi jamais guéri. Le choix a priori risqué du titre, Hummocks, terme d'origine anglaise désignant des blocs de glace déchiquetés, traduit déjà un trait de son caractère: seul maître à bord du navire construit au fil d'une vie, il clame fièrement à la proue le dédain des contingences du monde ordinaire. Pour la suite, il fallait le souffle de l'épopée pour raconter un demi-siècle d'expéditions souvent inédites dans le Grand Nord, des pistes glacées du Groenland, en 1948 et 1949 aux côtés de Paul-Emile Victor ­ mentor admiré, jalousé, méprisé, on ne sait trop ­, jusqu'aux multiples missions dans l'Arctique canadien et la Tchoukotka sibérienne.

Face-à-face. Très vite, dès 1950 dans le désert blanc, ce gaillard bâti comme un athlète s'est allégé de toute compagnie occidentale, préférant un face-à-face exaltant et difficile avec