Enfoui sous 4 kilomètres de glace, au coeur de l'Antarctique, le lac
Vostok est l'un des lieux les plus inaccessibles de la Terre. Un des plus secrets. Et il contient une eau parmi les plus passionnantes de la planète. Si la base de Vostok installée par les Soviétiques au plus haut de la calotte polaire est exploitée depuis plus de trente ans, le lac n'a été découvert qu'en 1993, grâce au satellite radar ERS1. Depuis, les scientifiques, russes, américains, canadiens et français, n'ont de cesse d'y chercher des organismes et de voir s'ils peuvent survivre dans un milieu aussi inhospitalier. Une question qui aujourd'hui les divise. Les Américains ont trouvé un grand nombre de bactéries très banales et se dépêchent de publier leurs résultats (1). Les Français, qui n'en ont pas trouvé, sont très sceptiques, tout comme les Canadiens.
Eau regelée. Les équipes ont foré dans la glace jusqu'à 3 600 mètres, un record. Ils se sont arrêtés 120 mètres au-dessus du lac, pour ne pas polluer son eau. A cette profondeur, ils ont trouvé de la glace qui, en fait, est de l'eau du lac regelée. Ce qu'elle contient est précieux car le lac est isolé de notre environnement, de notre atmosphère, depuis au moins un million d'années. De quoi intéresser biologistes, astrophysiciens, et la Nasa, qui y voit la possibilité de tester une technologie capable de pénétrer l'«océan» sous la glace d'Europe, le satellite de Jupiter.
L'équipe menée par le géochimiste Jean Jouzel (CEA-CNRS) a étudié la glace et démont