Menu
Libération
Critique

Afrique: comment on dit la douleur. La construction sociale des maladies, ouvrage collectif PUF, 374 pp., 248 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 21 décembre 1999 à 2h22

Les «maladies» ne sont pas les «pathologies». Du moins en Afrique de

l'Ouest où l'idée que l'on se fait des vicissitudes affectant le corps, le «savoir populaire sur les maladies», ne correspond pas forcément aux strictes descriptions produites par la biomédecine occidentale. Dans la Construction sociale des maladies, plusieurs anthropologues analysent l'écart mais aussi les superpositions éventuelles entre les deux catégories. Leurs études de terrain ont été menées entre autres chez les guérisseurs susu de Guinée maritime; en milieu peul rural de Moyenne-Guinée; chez des Peuls vivant au nord de Mopti au Mali, ou chez les Dogons. Plusieurs intervenants travaillent à Marseille, au sein d'une structure associant chercheurs du CNRS et de l'Ecole des hautes études en sciences sociales très orientés vers l'anthropologie du développement en Afrique. Afin de pouvoir avancer dans le foisonnement des représentations des maladies, selon les pays, les régions et les ethnies, afin de pouvoir se risquer à quelques comparaisons, l'ethnologue Jean-Pierre Olivier de Sardan, codirecteur de l'ouvrage (1) propose d'adopter la notion de «modules». Il prend ainsi l'exemple de kooko, une maladie de grande extension dans la région de Bobo Dioulasso, au Burkina Faso. Le terme désigne diverses caractéristiques largement partagées par les populations (le «mal» est situé dans le ventre, circule dans le sang, fait grossir ou maigrir, provoque des douleurs dans la zone intestinale, des hémorroïdes) mais