Amiante, prions, déchets nucléaires: en amont de ces affaires, on
trouve un ou des lanceurs d'alerte, ceux que les Américains ont baptisé les whistle blowers. Simples citoyens, ingénieurs, scientifiques, techniciens, journalistes, experts, la liste ne cesse de s'allonger de ces nouvelles figures de nos sociétés industrialisées qui, un beau jour, tirent la sonnette d'alarme. Quelques noms: dès le début des années 70, celui du chercheur Henri Pézerat a été associé aux dangers de l'amiante; en 1991, la journaliste Anne-Marie Casteret publie un article explosif sur le sang contaminé qui conduira au scandale; en 1997, le professeur Jean-François Viel relève un taux excessif de leucémies à proximité du centre de retraitement des déchets radioactifs de La Hague. Et bien d'autres: le chimiste André Picot (problème des dioxines notamment), le médecin Jean-Jacques Mélet (toxicité des amalgames dentaires contenant du mercure)" Citoyenneté. A ces Sombres précurseurs (1), deux sociologues de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), Francis Chateauraynaud et Didier Torny, viennent de consacrer un passionnant ouvrage, prenant appui sur la parole des individus, leur vécu et leur expérience. Un travail aride, rigoureux, qui a le mérite de proposer de nouvelles pistes pour «défendre les fondements d'une citoyenneté plus efficace».
Le lanceur d'alerte, précisent ainsi les auteurs, «occupe une position intermédiaire entre deux états limites: le capteur technique (réglé par référenc