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Portrait

C'est gemme que j'aime.

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Henri-Jean Schubnel, 64 ans, directeur de la galerie de minéralogie du musée d'Histoire naturelle, a fait des pierres précieuses ses talismans.
publié le 4 janvier 2000 à 22h10
(mis à jour le 4 janvier 2000 à 22h10)

La fabuleuse parure d'émeraudes que sa mère, d'origine tchèque, aurait dû recevoir en héritage, il n'en a jamais vu la couleur. Mais il y a un an, en hôte de marque au «château présidentiel» qui domine Prague, il eut l'insigne mission d'examiner les énormes saphirs et le plus gros rubis du monde sur la couronne de Saint-Venceslav, celle des rois de Bohême pendant plus de quatre siècles. Lui, qui dut gagner sa vie, à Nice, dès l'âge de 13 ans ­ «en raison de la guerre froide et du rideau de fer, mes parents furent réduits à une extrême pauvreté» ­ a parfaitement négocié, quelque quatre décennies plus tard, l'entrée au Muséum d'histoire naturelle de Paris de la plus fantastique collection mondiale de cristaux géants: géodes d'améthyste, éblouissants cristaux de quartz et autres «prodigiosités», beaucoup en provenance de l'état du Minas Gerais au Brésil, renommé pour ses mines. Henri-Jean Schubnel, 64 ans, directeur de la galerie de minéralogie et de géologie, aurait pu y gagner le titre de «monsieur Cristaux Géants" même si la pierre qui porte son nom, la «schubnelite» (hommage d'un ami), n'est qu'un humble vanadate de fer brun-noir. Plus sûrement, cet exploit muséologique lui a gagné respect (près de deux millions de visiteurs depuis la fin des années 80, une manne pour le Muséum) et jalousies ­ on lui a reproché «son caractère pas commode», «ses fréquentations dans la joaillerie», ou encore son «égoïsme» ­ comme en témoignent des volontairement anonymes, au sein de ce Muséum