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Silence, on tourne. Bassin géant, soufflerie liquide, houle artificielle: dans le secret de Val-de-Reuil, les ingénieurs testent la discrétion des sous-marins nucléaires.

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publié le 25 janvier 2000 à 21h42

Val-de-Reuil envoyé spécial

A l'entrée de la cafétéria du bassin d'essais des carènes, un panneau annonce la couleur: «Restez discret sur vos travaux et bon appétit!» Dans les grands hangars de Val-de-Reuil (Eure) que l'on aperçoit depuis l'autoroute Paris-Rouen, une centaine d'ingénieurs et de techniciens travaillent sur l'un des domaines les plus sensibles de la défense nationale: la discrétion acoustique des sous-marins qui assurent la dissuasion nucléaire.

«Nous faisons de l'hydrodynamique», résume Georges Thiéry, le directeur de cet établissement de la Délégation générale pour l'armement (DGA). Les moyens nécessaires sont considérables. Au mois d'avril, un nouveau bassin, dit «B600», sera inauguré. C'est une vaste piscine de béton longue de 545 mètres, large de quinze et profonde de huit. Grâce à un énorme «batteur», les techniciens vont pouvoir créer une houle afin de tester le comportement des bateaux en mer. Mais il faudra d'abord le remplir. Daniel Travers, ingénieur à la DGA: «Faites le calcul: 70 000 m3 à 10 francs le m3, cela fait 700 000 francs rien que pour la facture d'eau! Pour ne pas assécher les robinets des communes alentours, nous prendrons notre temps pour remplir le B600 en une dizaine de jours.»

Tempête. Des maquettes d'une longueur allant jusqu'à dix mètres pourront être mises à flot sur le bassin. Elles seront reliées à une plate-forme d'une centaine de tonnes qui les fera avancer jusqu'à une vitesse de 12 mètres/seconde. Un «batteur à houle» ­ de grand