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Le festin des bébêtes. Insectes et batraciens se régalent sur les arbres abattus par les tempêtes. Laisser des parcelles en l'état pourrait favoriser la biodiversité.

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par Pauline LENA
publié le 1er février 2000 à 22h30

«A quelque chose malheur est bon», pourrait penser la Rosalie des

Alpes, en agitant ses longues antennes de coléoptère striées de bleu et d'argent, alors qu'elle contemple les milliers d'arbres abattus sur le sol par les tempêtes de décembre. Finie la disette de ces dernières années, il y a désormais de quoi nourrir des générations de larves goulues et avides de bois pourrissant" si on laisse tous ces chablis en l'état pour constituer des réserves. «Nous sommes encore en train d'en discuter, avoue Jacques Trouvilliers, ingénieur à la direction générale de l'Office national des forêts (ONF). Il est possible que nous décidions de laisser certaines zones dévastées afin d'en faire de nouvelles réserves intégrales.» A l'heure actuelle, 2,5% de la forêt française métropolitaine sont protégés, sous forme de portions de parcs nationaux, de réserves naturelles ou biologiques. C'est peu, beaucoup trop peu pour les associations de défense de la nature, dont le WWF (World Wildelife Fund) qui réclame des réserves plus vastes. «Notre objectif est de placer 10% de tous les écosystèmes forestiers dans le monde sous protection, avec un minimum d'intervention humaine, rappelle Emmanuelle Béranger, responsable de la mission forêts au WWF. La France est loin de ce résultat, même si la politique d'aménagement et d'entretien de l'ONF a changé au cours des dernières années.» Finies les forêts proprettes, sans une ronce ou un rondin pourri qui risquerait de transmettre ses insectes grignoteurs aux