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Libération

Les émeraudes perdent un peu de leur mystère.Une sonde ionique peut désormais révéler leur origine exacte.

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publié le 1er février 2000 à 22h30

L'émeraude d'une boucle d'oreille gallo-romaine visible au Muséum

d'histoire naturelle de Paris provient du Pakistan, d'un gisement redécouvert au XXe siècle déjà exploité au XVIIIe. Celle de la couronne royale que portait Saint Louis est d'origine autrichienne. Celle retrouvée à bord du célèbre trésor du galion espagnol, le Nuestra Senora de Atocha qui coula à cause d'un ouragan près de la côte de Floride en 1622 alors qu'il venait de Carthagène, est d'origine colombienne. «Les Espagnols ont redécouvert les gisements colombiens, ils emmenaient les pierres en galion pour en faire commerce avec l'Europe et l'Inde», explique le géologue Gaston Giuliani. La légende des vieilles mines perdues d'Asie en prend un coup puisque l'on sait aujourd'hui que certaines émeraudes du trésor de Nizam d'Hyderabab en Inde proviennent non pas de ces mines mystérieuses mais de Colombie et d'Afghanistan. C'est ce qu'on apprend dans le dernier numéro de la revue Science (1).

Symbole d'immortalité, prisée par les Egyptiens, les Romains, (Néron portait un monocle en émeraude), les Aztèques et les têtes couronnées d'Europe, l'émeraude avait perdu ses origines dans les méandres de l'histoire. Elle les retrouve en partie grâce à une méthode mise au point par des géologues. Au prix d'une journée hors de leurs écrins, coffres-forts ou vitrines, neuf émeraudes historiques célèbres ont pris le chemin de Nancy pour y être examinées de près par des géologues curieux, notamment Gaston Giuliani, de l'IRD-CNRS (