Les apprentis scientifiques et médecins vont devoir apprendre à
philosopher. C'est ce que propose Dominique Lecourt, professeur de philosophie à l'université Paris VII, dans un rapport remis au ministre de l'Education nationale Claude Allègre, et dont les propositions seront présentées demain. Mission avait été confiée à l'universitaire, en février 1999, de réfléchir sur «l'enseignement de la philosophie des sciences ["] qui devrait contribuer à développer l'esprit critique et inventif des étudiants scientifiques dans un monde où la science occupe une place intellectuelle et sociale sans pareil».
Alors que se développe une «peur panique face aux progrès qu'on célèbre par ailleurs comme des prouesses ["], on ne trouve guère d'écho dans l'enseignement scientifique au vaste débat social autour de la science», met en garde le philosophe. Pire, l'enseignement de la science «récompense souvent, non les esprits les plus inventifs, mais les plus dociles» et les finalités (de l'activité scientifique) s'affichent simplement utilitaires. Noir tableau. Bref, il y a «urgence» à redécouvrir la pensée scientifique authentique qui fait fi des dogmes et des certitudes, et de faire retrouver à «l'enseignement scientifique son attrait d'aventure intellectuelle».
Introduire un enseignement de philosophie des sciences dans les cursus scientifiques pourrait y aider. La science y apparaîtrait alors «sous un autre aspect que purement technique». Pour l'instant, si certaines universités sont bien dotée