«Les extinctions actuelles dues à l'activité des hommes vont
diminuer la biodiversité pour des millions d'années à venir.» Cette phrase accusatrice est de James Kirchner, géologue à Berkeley (Californie), et d'Anne Well, anthropologue à l'université Duke (Caroline du Nord). Publiée aujourd'hui dans la revue britannique Nature (1), elle prend place dans un article inquiétant sur la vitesse à laquelle la vie a retrouvé richesse et diversité après les cinq grandes extinctions de masse qu'elle a connues depuis 200 millions d'années. Jusqu'alors, les paléontologues voyaient le scénario de reconquête de manière plutôt optimiste. En gros, une bonne crise avait du bon, côté biodiversité. La disparition de branches entières de l'arbre du vivant permettait aux jeunes pousses de se faire une place au soleil. Exit les dinosaures, il y a 65 millions d'années, et voici les mammifères, donc l'homme.
Pauvre niches. Un scénario critiqué par les deux scientifiques. Dans un monde appauvri en espèces biologiques, le nombre de niches écologiques différentes, donc susceptibles de sélectionner de nouvelles espèces, est lui aussi réduit. Tout simplement parce que ces niches sont en grande partie constituées par des espèces végétales et animales. On vit dans l'eau, sur l'air ou sur terre, mais on mange le voisin" et si les voisins sont peu nombreux ou trop souvent les mêmes, la sélection naturelle opère sur peu de paramètres et quelques espèces ont tendance à occuper toute la place. Du coup, le retour