Istanbul est menacée d'un tremblement de terre dévastateur, «d'ici
trente ans probablement», explique Rolando Armijo, de l'Institut de physique du globe de Paris (Jussieu). Avec sept autres chercheurs (Français, Américains et Turcs), il a publié hier dans Nature (1) l'analyse de la situation régionale après le violent séisme d'août 1999 d'Izmit, qui fit près de 30 000 victimes. Les géophysiciens ont passé au peigne fin les séismes historiques de la région; étudié les multiples microséismes qui la secouent en permanence; et modélisé les nouvelles contraintes tectoniques issues du gros séisme de 1999.
Résultat: le prochain tremblement de terre devrait survenir sur la partie de la faille nord-anatolienne qui passe sous la mer de Marmara, à 30 kilomètres tout au plus du centre d'Istanbul. Avec sa population dépassant les 10 millions d'habitants et ses immeubles branlants, «c'est une ville très vulnérable», insiste le géophysicien.
Raz de marée. Quelle intensité peut-on prévoir? «Si la faille craque en deux endroits mais pas au même moment, comme en 1754 et 1768, la magnitude attendue devrait atteindre les 7,4 [sur l'échelle de Richter qui en compte 9], correspondant à peu près au séisme d'Izmit.» Mais si elle craque d'un seul coup, comme en 1 509? «Alors on peut s'attendre à un très gros séisme, de magnitude 7,6.» De quoi dévaster des quartiers entiers. Voire pire: un raz-de-marée est «envisageable», selon Rolando Armijo.
Si la prédiction est à ce point précise, c'est que la faille