Allègre? «Un fonceur!», affirmait un de ses collègues dans
Libération lors de sa nomination au gouvernement. Un compliment toutefois assorti de cette réserve: «Et foncer, quand l'idée est bonne, c'est bien. Tout dépend donc des idées sur lesquelles il va partir. Car si elles ne sont pas bonnes, il foncera aussi.» Prémonitoire? Lorsqu'il prend en charge ce ministère, les attentes des chercheurs sont grandes. Sous Balladur et Juppé, la recherche publique a rudement souffert. Ministres indigents, comme l'éphémère Elisabeth Dufourc. Crédits et postes en berne; stratégie scientifique inexistante. A cela s'ajoute un président de la République qui impose au Cnes, l'agence spatiale française, de participer à la station orbitale américano-russe et d'inscrire dans son plan stratégique une capsule habitée au coût astronomique (50 milliards de francs).
Capsule habitée. Dans la recherche, Claude Allègre est alors très attendu" mais au tournant. Il commence d'ailleurs plutôt bien. Affirme une priorité bienvenue aux sciences du vivant. Promeut l'autonomie des jeunes et la liberté scientifique. Lance tous azimuts des encouragements à l'innovation technologique et à la création d'entreprises hi-tech. Il nomme à la direction du Cnes un Gérard Brachet qui envoie la capsule habitée aux oubliettes. Hisse à la direction du CNRS la physicienne Catherine Bréchignac pourtant éloignée du PS. Confie l'Orstom (la recherche en coopération pour le développement) à un Philippe Lazar qui a fait ses preuve à