En 2005, une Ariane-5 devait lancer vers Mars une sonde française.
Mission: rapporter sur Terre des échantillons de sol martien, collectés par des robots américains. Après les échecs de la Nasa (deux sondes se sont écrasées sur la planète rouge en 1999), ce calendrier est intenable, révèle à Libération Jacques Blamont. Conseiller du directeur général du Cnes, l'agence spatiale française, ce scientifique de haute volée eut l'initiative de ce programme. C'est pourtant sans regret qu'il annonce un report de plusieurs années pour une mission trop risquée tant que les ingénieurs n'auront pas apprivoisé Mars. Entretien.
En 1999, la Nasa a perdu deux sondes lors de leur arrivée en orbite ou sur Mars. Son programme d'exploration de la planète à «implosé», dites-vous. Pourquoi?
Ce double échec résulte d'erreurs majeures. Pour Mars Climatology Orbiter, perdu en septembre 1999, la direction du projet, au Jet Propulsion Laboratory (JPL, le centre de la Nasa à Pasadena), ne maîtrisait pas la mission. En particulier les rapports avec Lockheed Martin, auquel le satellite avait été sous-traité. La confusion entre les unités métriques et anglo-saxonnes n'a été que le révélateur de difficultés fondamentales. Le satellite était mal équilibré, sa navigation imprécise, et il n'y avait pas de localisation en trois dimensions. A mon arrivé au JPL, lors de l'atterrissage de Mars Polar Lander, mes amis m'ont avoué: «On a trouvé cinq causes d'erreurs dans les logiciels, chacune aurait pu faire perdre la