Le babil des bébés est-il un souvenir des premiers mots prononcés à
l'aube de l'humanité? C'est en tout cas ce qu'affirment Peter MacNeilage et Barbara Davis, deux chercheurs de l'université d'Austin (Texas), dans un article qui vient d'être publié dans la revue américaine Science (1). Pour aboutir à cette conclusion séduisante, mais pour le moins audacieuse, les deux chercheurs se sont intéressés au son des premières paroles des bébés. Onomatopées. Point de départ: une observation. En dehors des onomatopées (miaou, boum"), il n'y a jamais (dans aucune langue) de lien entre le son d'un mot et son sens. «Mais si ce n'est pas le sens d'un mot qui détermine le "pattern (la structure) du son, alors c'est quoi? Y a-t-il des facteurs inhérents à la production des sons des mots?» Pour répondre à cette question, les deux linguistes ont écouté les premières vocalisations des bébés, en anglais bien entendu, et ils ont identifié quatre patterns: certaines syllabes qui reviennent plus souvent que d'autres. Celles qui associent consonne labiale/voyelle centrale (be, pe), consonne dentale/voyelle frontale (tu, dé) et consonne dorsale/voyelle arrière (ga, ko, chou). Des patterns qu'ils ont retrouvés dans les babils français, suédois, japonais, quechua et brésilien. Miam-miam. Il y a quelques années déjà, la linguiste Bénédicte de Boysson-Bardies (2) avait remarqué la fréquence, dans toutes les langues, de premiers mots comme: papa, maman, miam-miam, pipi, mummy ou baby.
Le quatrième patte