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Libération

Nos ancêtres les gobeurs d'huîtres. Les premiers hommes ont quitté l'Afrique en longeant le littoral de la mer Rouge.

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publié le 4 mai 2000 à 0h35

Nous, les humains, nous descendons tous d'un petit groupe d'hommes

et de femmes qui, il y a 125 000 ans, bivouaquaient sur les plages de la mer Rouge, pêchaient dans de petits canots, et se nourrissaient de crabes, de poulpes et d'huîtres. C'est en tout cas ce que pensent les paléoanthropologues depuis que Robert C. Walter (Mexique) et son équipe ont découvert des coquilles d'huîtres et des outils d'obsidienne sur les côtes de l'Erythrée (1). Une découverte qui va peut-être bouleverser la manière dont les chercheurs voient les premiers voyages de nos ancêtres.

A première vue, Robert C. Walter n'a rien découvert de plus qu'un mode de vie. En fait, c'est beaucoup plus que ça, estime Pascal Picq, paléoanthropologue au Collège de France: «Cela change complètement la manière dont on imaginait la sortie d'Afrique.» L'ancêtre de l'homme est né en Afrique, tous les paléontologues sont d'accord sur ce point. Mais comment ses enfants ont-ils ensuite colonisé l'Asie, l'Europe et le reste du monde? Quels chemins Homo sapiens a-t-il empruntés? Et quand?

Bifaces et hachereaux. Encore récemment, explique le paléontologue Chris Stringer (Londres) dans la revue Nature, l'hypothèse la plus probable était que des petits groupes d'hommes avaient emprunté la voie terrestre, «à travers le Sinaï et le Levant», il y a 50 000 ou 90 000 ans. Avec la découverte de Robert C. Walter, on commence à se dire que ces premières migrations se sont faites beaucoup plus tôt et que les premiers émigrants ont voyagé