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Plancton, le dialogue Nord-Sud. Les populations de l'Arctique restent liées à celles de l'Antarctique.

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publié le 4 mai 2000 à 0h35

Pour les créatures marines qui vivent dans les eaux froides des

régions polaires, les océans tropicaux qui les séparent sont comme un désert impossible à traverser. Et pourtant, Kate Darling et ses collègues de l'université d'Edimbourg (Ecosse) viennent de montrer que certaines espèces de plancton, les foraminifères, qui vivent dans l'Arctique et dans l'Antarctique, se débrouillent pour rester en contact les unes avec les autres (1).

A quoi ressemblent ces foraminifères? Ce sont des grains minuscules, environ un dixième de millimètre de diamètre. Observés au microscope, ils ont l'air de grains de pop-corn verts, bruns ou rouges. Ces organismes marins «font partie de l'alimentation de base des petits poissons et des escargots de mer», explique le biologiste Richard Norris (université de Genève). Les régions où vivent aujourd'hui les foraminifères du Nord et du Sud se sont mises en place pendant le Miocène, il y a 8 à 16 millions d'années. C'est dire si les populations arctique et antarctique sont séparées depuis longtemps.

Normalement, quand deux populations d'une même espèce sont isolées l'une de l'autre, elles divergent génétiquement, jusqu'à former deux espèces séparées. Mais, dans le cas des trois familles de foraminifères ­ Neogloboquadrina pachyderma, Globigerina bulloides et Turborotalita quinqueloba ­ étudiées par les chercheurs écossais, rien de cela. A 20 000 kilomètres de distance, les populations de l'Arctique restent semblables aux populations de l'Antarctique. Pour